Le 400 mètres, comme un jeu d'enfant
ATHLETISME - Rencontre avec Laurine Xailly
Il semble loin le temps où la petite Laurine Xailly demandait à sa maman de la chronométrer dans le jardin du « home sweet home » familial de Sexey-aux-Forges en Lorraine pour faire comme les étoiles qu’elle venait d’applaudir aux championnats du monde d’athlétisme à Paris. Elle avait alors 6 ans. Qui se doutait qu’une sprinteuse allait naître ? Comme beaucoup de chroniqueurs à la recherche de l’anecdote, matériau idéal du portrait journalistique, il m’est difficile de présenter Laurine Xailly sans céder au plaisir de raconter une belle histoire quand bien même le décor emprunte un sentier facile. C’est que je connais Laurine depuis qu’elle est toute petite. Et il faut bien le reconnaître : je peine à distinguer la jeune fille de la jeune femme ; l’étudiante au sourire d’ange bien dans ses baskets et l’athlète au sang chaud sur le tartan.
Une farouche envie de gagner

Ainsi pour moi, parler de Laurine Xailly, c’est d’abord choisir les images et les mots les plus doux pour mettre en lumière une éclosion. A 20 ans, la pensionnaire du Nancy Athlétisme Métropole (NAM) s’affirme comme une jeune sprinteuse française très en vue : vice-championne de France du 400 mètres en 2016 en catégorie junior (en extérieur), elle a asséné un nouveau coup au chronomètre en février 2017 en se classant 3ème aux championnats de France espoir, qui viennent de se dérouler à Lyon (en intérieur), avec un beau 54’’80 égalant le record de Lorraine. « Le 400 mètres est une course qui fait mal. A partir de 250 mètres, on sent l’acide lactique monter, les jambes deviennent lourdes. Le mental joue beaucoup… Mais au final, on tire une grande satisfaction d’avoir bien couru » commente-t-elle. Où va donc chercher cette athlète si réservée cette tolérance à la douleur nécessaire pour disputer l’une des courses les plus difficiles des épreuves d’athlétisme ? Cela reste un mystère que lèvent en partie seulement sa volonté de progresser et sa farouche envie de gagner. Car si Laurine obtient de bons résultats aux 400 m dès l’âge de 14 ans, elle enchaîne trois années de suite les 4ème places aux championnats de France. « Il fallait persévérer » explique-t-elle.
Objectif, les championnats d'Europe
Inscrite sur la liste ministérielle des athlètes de haut niveau, Laurine intègre la faculté des sciences et techniques des activités physiques et sportives à Nancy à la rentrée 2015 où elle poursuit actuellement son cursus en licence parallèlement à la préparation du brevet d’entraîneur. Son rêve professionnel ? Coacher des athlètes en handisport. « Il faut émanciper cette discipline » souligne-t-elle. Côté athlétisme, elle rejoint la petite équipe de sprinteurs emmenée par Frédéric Fabiani au NAM. Son entraînement monte en puissance : elle passe de deux à cinq séances hebdomadaires en 2016, puis six en 2017. Soit une quinzaine d’heures passées dans l’enceinte du stade Raymond Petit à faire des gammes et des étirements avant de se livrer à la déclinaison d’exercices qui lui permettent de gagner en vitesse et en technique ; optimiser la distribution de l’effort sur le tour de piste ; retarder pas à pas l’arrivée de l’acide lactique dans le corps et avec lui la sensation d’implosion intérieure. La violence du 400 mètres, Laurine Xailly la domestique de mieux en mieux. Au final, « je commence à bien gérer ma course depuis un an. J’ai trouvé un équilibre avec mon entraîneur qui sait prendre en compte ce que je ressens et me rappeler les séances que j’ai réussies avant une compétition ». Longtemps sujette au stress, Laurine a appris à maîtriser ses appréhensions pour s’engager plus fort dans ses courses. « La confiance en soi vient aussi avec l’entraînement ». Pourtant, lorsqu’elle dispute les séries des championnats de France élite cet hiver à Bordeaux, elle est impressionnée : « il y a beaucoup de public, la télévision… On se sent observé ! Mais c’était une course pour se faire plaisir » commente Laurine. Cette participation lui permettra d’ailleurs de s’envoler la semaine prochaine pour le Portugal pour une semaine de stage avec le Nancy Athlétisme Métropole. Ensuite, place aux interclubs qui débuteront à Nancy en mai, puis aux championnats de France à Alby en juillet. La sprinteuse vise une qualification pour les championnats d’Europe en Pologne. Après tous ces rendez-vous « et une vie relativement normale quand même ! », il y aura aussi un passage par Londres pour les championnats du monde d’athlétisme. En spectatrice cette-fois ci, avec sa sœur Léa. « Un sacré cadeau d’anniversaire » que lui ont fait ses parents. La petite Laurine a bien grandi.