La vie du bon côté
TRAIL - Rencontre avec Anne-Sophie Mendoza
Vous avez sûrement croisé son grand sourire sur les pistes de trail de Lorraine et des quatre coins de la France. Faire le portrait d’Anne-Sophie Mendoza, c’est d’abord s’exposer à l’énergie solaire de cette « girl next door », qui va vous parler d’elle avec une convivialité déconcertante. Ce dimanche après-midi, alors que je décrotte péniblement mes baskets de la boue récoltée sur le petit trail de 14 km proposé dans le cadre du Rush du Bout du Monde dans les Vosges, Anne-Sophie, elle, se remet d’une expédition de 130 km à vélo de Metz à Mondorf-les-Bains avec sa bande de joyeux routards. « Quand on évolue en peloton, c’est plus facile… Mais c’est vrai que c’était une bonne séance ! » commente-t-elle.
Se faire plaisir, c’est tout !

Toujours partante pour une sortie peu ordinaire, Anne-Sophie… Elle accompagnera d’ailleurs son frère Axel, 24 ans, sur son premier marathon du Mont-Blanc fin juin. Cependant, précise-t-elle, « mon objectif sera juste de le finir ». Depuis la fin de l’année dernière, la Messine ne s’astreint plus à un entraînement régulier. Choisissant ses rendez-vous de façon sélective avec la seule volonté de se faire plaisir. « Être présente sur toutes les courses le dimanche, c’est fatiguant. J’ai beaucoup donné ces deux dernières années et j’éprouve aujourd’hui le besoin de me préserver psychologiquement » explique l’athlète qui a couru le dernier marathon de Paris en « tout juste » moins de quatre heures (3h55)… après avoir signé un beau 3h24 à Metz en 2016. « J’ai clairement senti le manque de préparation. Mais, courir sans objectif de chrono, c’était super agréable ! ». Agée de 32 ans, Anne-Sophie Mendoza a débuté la course à pied en 2010 évoluant rapidement de la route vers le trail. Une passion cultivée en famille : son frère, sa sœur et son père courent eux aussi. C’est d’ailleurs en voyant son papa franchir la ligne d’arrivée de son premier marathon en 2009 qu’elle prend la décision « de travailler » pour en faire autant. La jeune athlète, licenciée à l’école du Marathon à Metz, se distingue rapidement dans le sérail régional tout en assumant une soif de découverte et un dynamisme à tout rompre. Elle découvre l’ultra-trail en 2014 et avec lui le goût amer de l’abandon sur la TDS (« Sur les traces des ducs de Savoie »), l’une des épreuves labellisées Ultra-Trail du Mont-Blanc. Elle reviendra plus forte l’année suivante pour achever cette course de montagne de 119 km en 24h45. Pour ses 30 ans, elle s’offrira aussi l’ultra-trail de Madère (115 km et 7 100 m D+) en duo avec sa copine, Sylvie Koehler, traileuse chevronnée de 20 ans son aînée. Défi relevé en 24h17 avec une 8ème place au classement féminin. « Je suis un peu free style. Cela dit je pense que l’ultra-trail permet d’apprendre quelques vérités sur soi… Et que ce type de course nous donne des symboles simples que l’on peut utiliser dans sa vie de tous les jours, comme l’idée de ne jamais abandonner ».
« Les P’tits Potos »
Anne-Sophie Mendoza reprendra-t-elle le départ de courses au long cours ? La jeune femme ne veut rien précipiter et pense plutôt à mener la barque de sa vie personnelle et professionnelle. Administrateur de fonds dans une grande banque au Luxembourg, elle gère un quotidien dense ponctué d’allers-retours en TER entre Metz et Hesch-Belval. Aujourd’hui, la course à pied et le vélo, elle les envisage comme des moments de rencontres et d’échanges à l’image du trail des Roches à Saint-Dié auquel elle a participé en avril avec « les P’tits Potos » : une association née en 2014, dont l’objectif est de partager des courses avec des enfants en situation de handicap grâce à des joëlettes. L’occasion pour Anne-Sophie de vivre ce trail avec un ami proche et, à nouveau, en famille. « C’est quelque chose qui me tenait à cœur ». Dans la vie comme en montagne, cette fille-là a le pied sûr.