A travers les dunes de la côte d'Opale
TRAIL DES DEUX BAIES AU TOUQUET 42 km – 300 m D+ / Janv 2018
Qui a dit que le trail était forcément pieds et poings liés à la montagne ? Organisée le 21 janvier dernier, la 11ème édition du Trail D2B a démontré aux coureurs, si besoin en était, que la côte d’Opale avait l’âme d’une vraie terre d’aventures. Au programme, trois distances entre pinèdes et sentiers forestiers avec un 12 km, un 24 km… et pour les 340 plus courageux du week-end, un marathon. Allez, la mère Belette en sera ! J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce rendez-vous lorsque je suis tombée dessus en cherchant une course à me mettre sous le pied en janvier. Je ne sais pas trop pourquoi, mais fouler les dunes balayées par le vent d’hiver, ça m’a tout de suite parlé, hi, hi !
Il fait encore nuit à 8h sur la plage...
La grande championne de raid Karine Baillet, organisatrice de la course pour l’association Touquet Raid, que j’avais eu l’occasion d’interviewer cet automne, soulignait que ce trail constituait « une bonne prépa pour le marathon des sables. L’idéal est de porter des baskets de trail légères, mais les guêtres ne sont pas obligatoires ». Voilà pour l’équipement général des candidats au marathon, qui s’agglomèrent progressivement sur la plage du Touquet au niveau de l’Aqualud, un espace à l’abri du vent qui a sévi ici cette semaine comme dans toute la France. Il fait encore nuit. Il n’est pas encore 8h. Les frontales sont allumées. Pas pour longtemps, car le jour se lève déjà pour ouvrir sur un ciel gris. Ben oui, il fait gris au Touquet ce dimanche… Cela dit, il ne pleut pas. Et franchement, le gris se marie si bien ce matin avec le bleu-gris de la mer et le sable perlé que… Pfouhhh ! Ce qu’on est bien à remonter la plage, là ! On a un brin de vent dans le visage, juste ce qu’il faut pour éprouver notre liberté. Après deux kilomètres, on passe une petite dune introductive, et hop, nous voilà sur les traces de la forêt du Touquet. C’est parti pour une loooongue sortie en endurance ! Que j’aime ça !

L’expérience des dunes et du sable
Alors, le trail des deux Baies, qu’est-ce que cela donne en termes de profil de course ? Avec ses 300 mètres de dénivelé positif, c’est sûr, le marathon ne fout pas les chocottes. Et grâce à un tracé plutôt bienveillant, on trouve facilement son rythme sur un sentier de terre sombre entre les pins maritimes, qui conduit les coureurs jusqu’à la zone résidentielle de Stella (13ème km - 1er ravitaillement). Après 1h30 de course, il fait toujours gris, mais la météo est stable. Ensuite, ça se complique un peu, et on se dit alors que ce marathon des sables en est bien un. Après avoir tiré quelques kilomètres sur la plage où chacun choisit au mieux son tracé pour profiter au moins un peu du rebond de la foulée au contact d’un sable dur (20ème km – 2ème ravitaillement), le parcours nous éloigne de la mer pour gagner les pinèdes aux alentours de Merlimont et Berck-sur-Mer (28ème km – 3ème ravitaillement). Hi, ha ! Le voilà le morceau de bravoure : une alternance de dunes et de pinèdes où le sable mou offre à chacun une merveilleuse séance de musculation. Ainsi, le double effet kiss cool du trail des deux Baies, c’est dès le lendemain se ramasser des courbatures aux ischio-jambiers ET aux chevilles ! Mais bon, courir parmi ces herbes folles que l’on appelle les oyats, escalader quelques dunes hautes comme des immeubles et contempler la mer… Ca se mérite un peu. J’avance tout doucement. Il pleut depuis un moment maintenant. Je me surprends à courir bien plus que ce que j’avais imaginé ! Le jeu de patience que proposent les dunes me convient plutôt bien d’autant que les descentes dans le sable sont ludiques. On s’enfonce. On s’en met un peu dans les baskets. On relance. Sensation sympa. Je remonte des dizaines de coureurs du 24 km… même si je demeure en bout du peloton du marathon, comme à mon habitude ! Passé le 35ème kilomètre, on redescend sur la plage du Touquet. Plus que quelques kilomètres sur le sable dur à nouveau jusqu’à l’embouchure de la Canche. Je rattrape quelques marathoniens qui ont lâché l’affaire et finissent la course comme ils peuvent. J’ai moi aussi réduis la voilure, mais retrouver la terre ferme me donne envie de m’accrocher. Je franchis la ligne d’arrivée en 5h18. Pas si mal pour un premier marathon des sables d’autant qu’environ quarante coureurs se sont résolus à abandonner. Pour ma part, cette course iodée m’a donné une immense envie de revenir très vite dans ce Nord de la France aux atours bien trempés.