"El jefe" des sentiers vosgiens
TRAIL - Rencontre avec Marc Fegli, directeur de course du Trail de la Vallée des Lacs 2019
De prime abord, il a l’air un peu sévère. Sans doute l’idée de parler de lui ne le faisait pas sauter au plafond. Il a probablement accepté mon interview par politesse afin de promouvoir le trail de la Vallée des Lacs (TVL) programmé ce week-end à Gérardmer et dont il est le directeur de course. La fonction va comme un gant à celui qui passe un peu pour le pape du trail dans les Vosges. C’est un bon client des ultras trails les plus médiatiques. A son compteur : l’ultra trail du Mont Blanc, le Lavaredo ou encore l’Echappée belle, somptueuse balade sur les sentiers aux mille et un cailloux du massif de Belledonne. Mais il est surtout un fin connaisseur de la moyenne montagne vosgienne dont il parcourt les chemins depuis l’enfance.

100 % montagnard
Né en Alsace, « d’un père vosgien et d’une mère alsacienne », Marc Fegli a façonné son profil de pur produit montagnard au cours de sa vie professionnelle. Aujourd’hui major de la gendarmerie, il reconnaît avoir choisi cette filière « un peu par hasard… A l’époque, je vivais pour la fête, les potes et le ski ». C’est ainsi qu’un peloton de montagne de la gendarmerie lui tend les bras. La réponse à son trop plein d’énergie est toute trouvée. Là, il skie, marche, escalade et assure le secours en montagne. « A la base, j’aime être en montagne et surtout pas courir ! ». Quelques voyages plus tard et une expérience au Kosovo à l’occasion d’une mission d’encadrement pour l’ONU, Marc Fegli et son épouse posent leurs valises dans les Vosges en 1996, puis à Gérardmer quelques années plus tard. Il y prend le commandement de la brigade de gendarmerie. Il n’a pas encore chaussé les runnings, préférant les longues sorties à vélo, sans oublier le ski de rando ou alpin en hiver. La course à pied entrera dans sa vie pour ses 40 ans… Initialement par manque de temps pour aller crapahuter en montagne. « J’ai fait quelques marathons avant de bifurquer sur le trail et une première expérience sur le trail des Roches à Saint-Dié ». Les trails alpins suivent très vite avec notamment le Tour de la Grande Casse en Savoie : « un course assez confidentielle et véritablement magique ! ».
Une vision du trail exigeante
Sa rencontre avec le trail de la Vallée des Lacs remonte à 2012. « Je trouvais ce trail vraiment trop roulant et plus assez intéressant. Michel Lavest, le président de la section gérômoise d’Athlé Vosges, m’a alors mis au défi de proposer autre chose ». Les parcours évoluent jusqu’à leur profil actuel, un truc plutôt exigeant hérité de l’accueil des championnats de France de Trail à Gérardmer en septembre 2017. C’est lorsqu’il parle des sentiers, de l’histoire qu’ils peuvent révéler quand ils portent parfois l’empreinte de l’homme que Marc s’assouplit. Tant mieux, c’est vraiment cela que j’étais venue chercher avec ma petite interview. Son amour pour la nature. Et sa vision du trail qu’il traduit dans des parcours tracés au cordeau pour les principales compétitions vosgiennes : le trail de la Vallée des lacs bien sûr, le trail des Hautes Mynes au Thillot ou encore l’Infernal trail des Vosges à Saint-Nabord. Mais chuuut, il n’aime pas trop qu’on insiste là-dessus… Tout comme il aime garder secrète sa cartographie de « sentiers privilégiés » connus par une poignée d’initiés, comme ceux du côté de la réserve naturelle du Ventron par exemple. Il rend hommage au détour à Michel Cuny, créateur du Rainkopf trail, et à sa « connaissance encyclopédique du massif vosgien ». Une autre figure locale du trail qui prête d’ailleurs main forte au trail de la Vallée des Lacs. Alors Marc, c’est quoi un trail « intéressant » ? « Il doit permettre au coureurs de se rassasier de beaux points de vue et offrir des sentiers de qualité » commente le directeur de course du TVL qui apprécie plus que tout « prendre un sentier pas balisé au hasard et faire le sanglier ! ». Ce week-end à Gérardmer, les 2 800 participants du trail de la Vallée des Lacs auront tout le loisir d’évaluer la beauté et la complexité des parcours proposés allant de 5 km (« la Courrue ») à 90 km et 5 300 m D+ (« le Grand trail »). Les plus grands formats sont d’ailleurs complets depuis un bon moment… « Il faut gérer ces courses comme des trails alpins en partant tranquille, notamment jusqu’au 45ème km pour le Grand trail qui arrive à Mittlach ». Allez, le conseil est enregistré. A samedi !